Le deuxième jour de son témoignage, le cinquième témoin de l’accusation au procès pour crimes de guerre de Bosco Ntaganda a déclaré aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) qu’un groupe armé Lendu avait imposé de « mauvaises conditions » aux habitants de la ville de Sayo en République démocratique du Congo (RDC).
« Lorsque l’UPC est parti [de Sayo], les troupes du FNI sont revenues et ont tout détruit », a indiqué le témoin P-886.
Le FNI, ou le Front des nationalistes et intégrationnistes, était un groupe armé de l’ethnie Lendu, qui a combattu l’Union des patriotes congolais (UPC) soutenue par les Hema lors du conflit armé de 2002-2003 en Ituri, une région du Congo. En décembre 2012, Mathieu Ngudjolo Chui, l’ancien chef supposé du FNI, a été acquitté par la CPI.
Le témoin a déclaré que la milice du FNI ne permettait pas aux habitants de boire de l’alcool, forçait les femmes à se promener seins nus et « punissait ou fouettait » ceux qui ne se conformaient pas à leurs décrets.
Le témoin P-886 a répondu à des questions posées par l’avocat de la défense Stéphane Bourgon et ayant trait à un extrait vidéo dans lequel apparaissaient des habitants de Sayo . La vidéo a été présentée au témoin à huis clos et l’essentiel de son témoignage a été entendu à huis clos.
Le 26 octobre, le témoin P-886 a déclaré que les combattants « terrorisaient » les civils à Sayo, forçant de nombreux membres du groupe ethnique Lendu à fuir leurs maisons.
Ntaganda, un ancien commandant en chef de l’UPC, est jugé pour des crimes que ses troupes et lui-même auraient commis, principalement à l’encontre de membres du groupe ethnique Lendu. Mais la vidéo projetée devant la Cour, dont la source n’a pas été divulguée par la défense en séance publique, semble suggérer que le FNI pouvait avoir également agressé les civils.
« Vous avez vu la vidéo dans laquelle deux femmes indiquaient avoir été menacées par ceux qui étaient présents avant l’UPC, les Lendu. Cela correspond-t-il avec ce que vous avez déclaré sur les conditions imposées par l’UPC ? », a demandé Me Bourgon.
« Cette femme a déclaré qu’elles ne pouvaient pas manger, faire aucune tâche ou aller chercher du bois. La situation qu’elles décrivent est la situation qu’elles ont vécu », a répondu le témoin. Il a ajouté, « Partout où se trouvaient les Lendu, la situation était la même ».
Le contre-interrogatoire du témoin P-886 se poursuivra demain.