Selon le témoignage d’une ancienne fille soldat, l’accusé de crimes de guerre congolais Bosco Ntaganda a ordonné à ses combattants de ne pas épargner les membres des groupes rivaux.
Témoignant pour la deuxième journée au procès Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancienne fille soldat des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), a raconté les ordres de M. Ntaganda donné la veille d’une attaque sur la ville de Mongbwalu.
« L’ordre a été donné que, si vous rencontriez des ennemis, vous deviez les frapper. C’est le seul ordre qui nous a été donné », a déclaré l’ancienne combattante qui apporte son témoignage sous le pseudonyme de témoin P-010.
Interrogé par le substitut du procureur Nicole Samson pour savoir qui était l’ennemi, le témoin a répondu : « Les Lendu. Nous les combattions ».
« Vous a-t-il expliqué comment traiter différemment les gens, par exemple entre les civils et les combattants ». a demandé Nicole Samson.
« Il a donné l’ordre de ne pas épargner l’ennemi. Si nous rencontrions des ennemis, nous devions agir vite et les frapper », a répondu le témoin P-010. Elle n’a pas précisé si M. Ntaganda avait mentionné la manière de traiter les civils.
Les procureurs accusent M. Ntaganda de nombreux crimes, notamment d’attaque de civils, de viol, d’esclavage sexuel de civils, de meurtre et de déplacement de civils. Il est également accusé de viol, d’esclavage sexuel, d’enrôlement et de conscription d’enfants soldats de moins de 15 ans ainsi que de leur utilisation pour participer activement à des hostilités.
L’accusé et ses troupes auraient commis ces crimes en 2002 et 2003, lorsqu’ils étaient membres des FPLC qui luttaient contre les combattants de la communauté ethnique Lendu dans la région de l’Ituri, en République démocratique du Congo. M. Ntaganda nie avoir commis les crimes, arguant qu’il n’a combattu que pour la paix et le retour des civils déplacés de leurs maisons.
Le témoin P-010 a débuté sa déposition le 10 novembre après que les juges lui aient accordé des mesures de protection, notamment la déformation numérique de la voix et du visage lors de la diffusion publique de son témoignage, l’usage fréquent de séances à huis clos et un psychologue fonctionnaire de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins de la Cour assis à ses côtés dans la salle d’audience. De plus, cette personne a été protégé de la vue de M. Ntaganda lors de sa présence en salle d’audience. Cependant, elle a exprimé son malaise à s’asseoir dans la même pièce que M. Ntaganda, ce qui a poussé les juges à ajourner la procédure de la journée puisqu’ils envisageaient la possibilité qu’elle témoigne via un lien vidéo.
Le témoin P-010 a, également, lors de ce témoignage du 11 novembre, décrit comment les autres combattants des FPLC et lui-même avaient pris la ville de Mongbwalu après deux jours de combat. Cet fille soldat a déclaré que M. Ntaganda faisait partie des commandants de cette bataille.
Mongbwalu est une des zones dans lesquelles les procureurs affirment que la milice commandée par M. Ntaganda a commis des atrocités. Les procureurs soutiennent également que M. Ntaganda a abattu en personne le prêtre de la paroisse de Mongbwalu.
Les audiences du procès devraient se poursuivre le 12 novembre 2015.