Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) ont affirmé lors de l’audience de confirmation des charges que Bosco Ntaganda avait abattu un prêtre et a donné l’ordre à ses gardes du corps de commettre des viols.
Ils ont déclaré que le chef de milice congolais avait personnellement arrêté et mis en détention le prêtre de la paroisse de Mongbwalu ainsi que trois religieuses. M. Ntaganda a ensuite « lui-même abattu le prêtre » dont le nom n’a pas été donné par les procureurs.
Le meurtre présumé a eu lieu le 25 novembre 2002, peu de temps après que les troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) aient pris les villes de Mongbwalu et Sayo en République démocratique du Congo.
L’accusation a également affirmé que les gardes du corps de M. Ntaganda, sur les ordres de ce dernier, avaient violé trois femmes qui étaient retenues captives dans un appartement de Mongbwalu où M. Ntaganda résidait. Il est difficile de savoir si les trois femmes étaient les religieuses arrêtées avec le prêtre.
Les éléments de preuve présentés par les procureurs visent à convaincre les juges d’intenter un procès à l’encontre de M. Ntaganda. Il répond à 13 chefs de crimes de guerre et 5 chefs de crimes contre l’humanité qui auraient été commis tandis qu’il servait en tant que sous-chef d’état-major dans les FPLC.
L’accusation soutient que les FPLC utilisaient le viol pour persécuter et terroriser les civils qui n’appartenaient pas au groupe Hema. Le viol avait également pour « objectif de récompenser les troupes et d’aider à garder un bon moral ».
« Il y avait des viols à chaque offensive et certains avaient perpétré par des officiers de l’UPC, par conséquent leur commission était connue de l’UPC », a indiqué l’avocat de l’accusation Marion Rabanit, faisant référence à l’Union des patriotes congolais, la branche politique des FPLC. « Il n’y avait aucune punition ou sanction lorsque les victimes n’étaient pas Hemas.
Parmi les témoins devant déposer en faveur de l’accusation figure un ancien membre de l’UPC qui a déclaré que la violence sexuelle était un autre type d’arme que le groupe utilisait dans sa campagne armée. Il aurait déclaré : « Les [victimes] étaient des Lendus, ils étaient nos ennemis, ils devaient être traités de toute façon ».
Mme Rabanit a déclaré que lorsque les soldats des FPLC violaient des femmes, ils savaient qu’ils ne seraient pas sanctionnés. « Les officiers de haut rang n’étaient pas intéressés par les préjudices causés à la population civile, ils considéraient qu’il était normal que les femmes soient violées pendant une guerre », a-t-elle précisé.
Mme Rabanit a déclaré que le commandant de brigade de l’UPC, Salumu Mulenda, avait violé un témoin, que le commandant Abelanga était un « violeur en série » tandis que le commandant Simba « parlait ouvertement d’avoir violé des femmes avant de les tuer lors du massacre de Kobu ».
« Bosco Ntaganda a lui-même exploité sexuellement des femmes » a déclaré Mme Rabanit. « Il retenait des femmes soldats de l’UPC ainsi que des civils, dont des Lendus, qui lui servaient de femmes ».
Selon l’accusation, avant l’attaque sur Mongbwalu, le viol par les soldats du groupe avait été « encouragé, promis et envisagé » puisque l’UPC considérait les femmes comme un « butin de guerre ».
Les procureurs ont également donné des détails sur les pillages et les meurtres de centaines de civils par la milice commandée par M. Ntaganda, notamment dans la région de Banyali-Kilo en novembre et décembre 2002 et dans la région de Walendu-Djatsi en février et mars 2003.
Hendrik van der Werf, un autre avocat de l’accusation, a relaté comment, en février 2003, l’UPC/les FPLC avaient capturé et tué 92 civils dans la forêt de Jitchu. Les soldats, qui étaient majoritairement d’origine Hema, avaient incendié des villages appartenant à des membres d’autres groupes ethniques.
Il a déclaré que ces attaques étaient prévues par le chef de l’UPC Thomas Lubanga, par M. Ntaganda et par Floribert Kisembo qui était le chef d’état-major du groupe. M. van der Werf indiqué que la préparation avait eu lieu dans le bureau de M. Lubanga situé dans la ville de Bunia. Il a ajouté que M. Ntaganda avait directement participé aux combats et avait donné des ordres aux troupes avant et pendant les attaques.
L’audience de confirmation des charges se poursuivra demain avec d’autres arguments de l’accusation.