Le premier témoin à se présenter à la barre au procès de l’ancien chef de milice congolais Bosco Ntaganda devrait débuter son témoignage aujourd’hui, mardi 15 septembre. La procureur de la Cour pénale Internationale (CPI) a prévu d’appeler plus de 80 personnes à témoigner contre M. Ntaganda qui répond de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Des témoins experts, des membres de la milice ayant travaillé avec M. Ntaganda ainsi que des victimes et des témoins oculaires figurent parmi ces personnes citées à comparaître. L’accusation s’appuiera également sur des preuves scientifiques provenant de corps exhumés, de journaux de communication, de lettres, de vidéos et de photos des camps d’entraînement afin de convaincre les juges que M. Ntaganda a commis les crimes dont il est accusé.
Ntaganda, l’ancien adjoint du chef d’état-major des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), aurait perpétré les crimes en question en 2002 et 2003. À l’époque, les FPLC était l’une des milices prenant part à un conflit ethnique en Ituri, une province de la République démocratique du Congo. Le procureur de la CPI a déclaré que le conflit a directement entraîné la mort de plus de 5 000 personnes.
Bien que le procès de M. Ntaganda présentera un plus grand nombre de témoins que d’autres affaires menées par la CPI, plusieurs d’entre eux déposeront à huis clos. Certains témoins devraient apporter la totalité de leur déposition à huis clos.
Les juges ont déjà décidé que les onze témoins qui avaient bénéficié de mesures de protection lors de leur témoignage contre l’ancien commandant en chef des FPLC, Thomas Lubanga, devraient bénéficier des mêmes protections pour le procès Ntaganda afin de préserver leur anonymat par rapport au public. Ces mesures comprennent une déformation de la voix et du visage ainsi que l’utilisation d’un pseudonyme lors de la déposition.
L’accusation a soutenu que les mesures de protection ordonnées par les juges ayant instruit l’affaire Lubanga étaient encore nécessaires et devaient être maintenues par la chambre jugeant M. Ntaganda. Pour justifier les mesures de protection, l’accusation a mentionné la situation des témoins en matière de sécurité et a affirmé que six d’entre eux participaient au programme de protection des témoins de la CPI.
La défense ne s’est pas opposée à la demande d’offrir des mesures de protection aux onze témoins. Toutefois, lors de la présentation des déclarations liminaires du 3 septembre, les avocats de la défense ont critiqué l’utilisation à venir de séances à huis clos lors du témoignage de certains témoins, ce qui, selon eux, pourrait priver M. Ntaganda du droit de bénéficier d’un procès public et pourrait saper les efforts déployés pour établir la véracité des témoignages.
L’audition de témoins devrait se poursuivre à La Haye toute cette semaine ainsi que la semaine prochaine.