Aujourd’hui, un témoin a relaté comment les membres de sa famille avaient été tués par des troupes appartenant aux Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), des troupes qui auraient été commandées par Bosco Ntaganda.
Le témoin P-016 a déclaré que son père avait été abattu tandis que sa femme et ses enfants avaient été « décapités » lorsque les FPLC avaient pris le contrôle de Kobu et des villes environnantes situées en République démocratique du Congo (RDC).
« J’ai cherché parmi les cadavres et tous mes enfants et ma femme faisaient partie des personnes assassinées », a indiqué le témoin, qui comparaît au procès Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI).
« Ma femme a été décapitée et il en a été de même pour une de mes filles. Mon fils a également été décapité », a indiqué le témoin.
Interrogé sur l’état des autres corps, le témoin a répondu, « Les autres corps étaient dans le même état. Ils avaient été décapités ou éventrés ». Il a précisé qu’il y avait « de nombreux corps » visibles et qu’il était « difficile de compter le nombre de cadavres ».
Le témoin P-016 a déclaré qu’il avait emmené les corps des membres de sa famille dans son village natal pour leurs funérailles. Entretemps, dans le village voisin, le témoin avait découvert que son père avait été abattu. « On lui a tiré dans le dos », a indiqué le témoin P-016.
Ntaganda est jugé pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qu’il aurait commis avec ses troupes du FPLC lors d’un conflit ethnique qui s’est déroulé en 2002-2003 en RDC. Ces troupes constituaient la branche armée de l’Union des patriotes congolais, un groupe dirigé par Thomas Lubanga qui purge actuellement une peine de prison de 14 ans prononcée par la CPI pour recrutement et utilisation d’enfants soldats.
Selon le témoin P-016, les troupes des FPLC avaient attaqué son village et avaient arrêté de nombreux habitants, y compris lui-même. « Ils nous ont frappé avec des bâtons. J’ai été frappé dans le dos et sur la tête », a-t-il précisé. Il a ajouté souffrir encore actuellement des blessures résultant des coups reçus à la tête.
Le témoin et certains habitants de la localité avaient échappé à leurs ravisseurs et s’étaient réfugiés dans la brousse. Il a décrit les attaquants comme étant « des hommes de Bosco ».
Il a déclaré que les captifs qui n’avaient pu s’enfuir avaient été ligotés et tués. Ce n’est qu’en revenant de la brousse que le témoin P-016 avait découvert les corps de son père, de sa femme et de ses enfants.
Durant la suite de l’interrogatoire, les procureurs ont montré au témoin une photo de sa femme morte. Il a déclaré avoir été « extrêmement traumatisé » la première fois où il avait vu cette photo et qu’il souhaitait ne jamais la revoir. Aucune autre question n’a été posée au témoin au sujet de la photo.
Avant sa comparution devant les juges de mardi, aucune demande de mesures de protection pour le témoin P-016 n’avait été déposée. Toutefois, à la suite de la divulgation de « nouvelles informations », qui pourraient potentiellement avoir une influence sur sa sécurité, le témoin a demandé des mesures de protection en audience.
Les juges lui ont accordé des mesures de protection partielles, à savoir l’utilisation d’un pseudonyme et un huis clos pour la partie de son interrogatoire concernant son identité, les membres de sa famille et son travail. Le visage et la voix du témoin n’ont pas été déformés numériquement lors de la diffusion publique de sa déposition.
L’accusation poursuivra l’interrogatoire du témoin P-016 mercredi 4 novembre 2015.