Un témoin de l’accusation a raconté que Bosco Ntaganda avait ordonné l’exécution d’un soldat des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) puisqu’il avait abattu un civil dans la ville congolaise de Mongbwalu en 2002.
Témoignant au procès Ntaganda devant la Cour pénale internationale (CPI) le 17 novembre 2015, le témoin P-8059 a déclaré que le jour où son frère a été abattu, Thomas Kasangaki, qui commandait les troupes des FPLC à Mongbwalu, avait envoyé des soldats au domicile du défunt. Les soldats avaient demandé au témoin et sa famille s’ils avaient besoin d’aide, comme de la nourriture pour les personnes en deuil par exemple.
Selon le témoin, les soldats avaient expliqué que quiconque tuait serait « traité de la même manière ». Les miliciens des FPLC avaient également indiqué à la famille que le soldat qui avait tué un de leurs membres était arrêté et que son exécution n’attendait que les ordres de M. Ntaganda. À l’époque, M. Ntaganda, qui était le chef adjoint de l’état-major du groupe en charge des opérations, se trouvait dans le quartier général de la milice à Bunia.
« Nous leur avons dit de ne pas le tuer mais ils nous ont répliqué qu’ils n’attendaient que les ordres pour l’exécuter. Lorsqu’ils ont reçu les ordres, ils ont fait ce qu’ils devaient faire », a déclaré le témoin P-8059. Il n’a pas précisé en séance publique pourquoi les soldats avaient abattu son frère.
Le témoin n’avait pas assisté à l’exécution mais avait entendu les tirs et avait eu un écho de l’exécution par ceux qui y avaient assisté. « Il a été tué vers 10 ou 11 h du matin et nous avons enterré notre frère à 14 h », a-t-il précisé. Le témoin a indiqué que l’exécution avait eu lieu dans un parking au centre de la ville.
Dans cette même déposition, le témoin P-8059 a affirmé que les combattants des FPLC avaient arrêté un prêtre catholique de la paroisse de Mongbwalu et il pensait que les soldats l’avaient tué dans leur camp, dans les bâtiments Kilo Moto. « Il a été tué tout simplement parce qu’il était Lendu. Ses collègues avaient fuit mais il était trop vieux pour faire de même », a déclaré le témoin. Les soldats auraient pris possession du véhicule du prêtre, un 4×4 blanc.
Le témoin a affirmé qu’il ne savait pas où le prêtre avait été enterré. Cependant, deux ans plus tôt, le corps d’un prêtre avait été exhumé dans l’ancien camp des FPLC et le témoin pensait qu’il s’agissait du prêtre tué pendant la guerre.
Les procureurs ont soutenu que les troupes des FPLC avaient commis des crimes à l’encontre des civils dans la région de l’Ituri, en République démocratique du Congo, particulièrement ceux de l’ethnie Lendu, lors d’un conflit armé en 2002-2003. Ils affirment que M. Ntaganda avait abattu en personne un prêtre catholique de la ville de Mongbwalu après qu’il ait nié avoir connaissance de certains documents.
Les autres crimes pour lesquels M. Ntaganda est jugé devant la CPI incluent la tentative de meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le transfert forcé de population, les attaques contre des biens protégés, le pillage, la destruction de biens et l’utilisation d’enfants soldats.
Le témoin P-8059 poursuivra sa déposition le mercredi 18 novembre.