Le témoin déclare aux juges du procès Ntaganda avoir compté 57 corps de victimes du massacre de l’UPC
Le deuxième jour de son témoignage au procès de Bosco Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), un témoin a raconté avoir compté 57 corps de civils tués par les soldats du groupe que l’accusé commandait.
Il a indiqué que les combattants des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) avaient tué des civils à Kobu et dans les villes environnantes de la région de l’Ituri, en République démocratique du Congo, après que la milice ait envahi ces territoires lors du conflit ethnique de 2002-2003.
« J’ai vu les corps d’enfants, de femmes et de jeunes gens », a déclaré le témoin. Certains avaient été battus à mort alors que d’autres avaient été éventrés. « Il y avait une femme enceinte. Ils avaient coupé et extirpé le fœtus de son corps », a indiqué le témoin P790. Il a précisé que les 57 cadavres qu’il avait vu étaient ceux de victimes de l’ethnie Lendu.
Le témoin P790 a déclaré avoir découvert les corps dans une plantation de bananes et le long des routes entre les villes de Kobu, Djatsi, Jitchu, Kilo, Sangi et Buli alors qu’il tentait de trouver les restes de ses enfants qui avaient été tués dans les attaques Toutefois, il ne lui a pas été possible de trouver les restes de ses enfants. Les circonstances entourant le décès de ses enfants n’ont pas été débattues en séance publique.
Les juges du procès ont accordé au témoin des mesures de protection en audience afin de protéger son identité. Lors de son témoignage, son image a été protégée de la vue du public, sa voix a été déformée numériquement et une partie de son témoignage a été entendue à huis clos.
Le substitut du procureur Nicole Samson a présenté au témoin plusieurs photographies montrant de piles de cadavres. Le témoin a déclaré que les photos avaient été prises dans la plantation de bananes dans laquelle il s’était rendu pour chercher les restes de ses enfants.
Hier, le témoin P790 a raconté quatre attaques menées sur sa ville natale de Kobu, qu’il a signalé être conduites par les FPLC, la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC), avec l’aide de soldats ougandais.
Dans son témoignage d’aujourd’hui, le témoin a affirmé que « toutes les maisons » de Kobu avaient été incendiées par les troupes des FPLC. Il a précisé que seules, quelques maisons et une église de Buli étaient restées debout.
Lors de son contre-interrogatoire, le témoin P790 a rejeté les suggestions de la défense selon lesquelles il y avait d’autres milices présentes à Kobu et dans ses environs au moment des attaques présumées.
« Si je vous dit que, dans les faits, les Forces ougandaises étaient présentes à Kobu avec les forces de l’APC [l’Armée populaire congolaise et menaient des opérations militaires à l’époque, seriez-vous d’accord ? », a demandé l’avocat de la défense Luc Boutin.
« J’étais présent dans cette localité et j’ai été en mesure de voir les différents soldats qu’il y avait à cet endroit. Je n’ai pas vu de soldats de l’APC. J’ai juste vu des soldats de l’UPC et des soldats ougandais qui avaient pris position à Kobu », a répondu le témoin.
Le témoin a ajouté que l’UPC et les soldats ougandais étaient identifiables par leurs vêtements et par les langues qu’ils parlaient. « Certains [soldats de l’UPC ] parlaient leur langue maternelle ». Parfois, ils parlaient swahili. Il y a une différence entre le swahili congolais et le swahili ougandais. Cela prouve que nous traitions avec les soldats de l’UPC et les soldats ougandais », a-t-il précisé.
La défense poursuivra le contre-interrogatoire du témoin P79 mercredi 20 janvier.