Un témoin de l’accusation a déclaré devant la Cour pénale internationale (CPI) que des filles soldats de la milice commandée par Bosco Ntaganda servaient en tant que gardes du corps pour les commandants de haut rang du groupe et que certaines d’entre elles avaient des « relations sexuelles forcées » avec les commandants.
Faisant référence au camp de l’Union des patriotes congolais (UPC) situé à Lalu, le témoin, qui est un ancien membre du groupe, a indiqué que des filles âgées d’à peine 12 ans servaient dans l’escorte personnelle du commandant de brigade Salumu Mulenda et du commandant de bataillon dénommé Abelanga.
Selon l’ancien membre, qui se présente sous le pseudonyme de témoin P017, deux filles de l’escorte personnelle d’Abelanga avaient 12 et 13 ans et, hormis leurs fonctions de garde du corps, elles avaient des relations sexuelles avec le commandant.
« Étaient-elles consentantes ? », a demandé le substitut du Procureur Diane Luping, faisant référence aux relations sexuelles entre le commandant et les enfants soldats.
« Étant donné leur âge, j’ai de la peine pour elles. Je savais qu’elles ne pouvaient être consentantes étant donné leur âge », a répondu le témoin.
« Comment savez-vous qu’elles avaient 12 et 13 ans ? », a demandé Me Luping.
Le témoin a répondu : « Leur physique, le fait qu’elles jouaient [à des jeux d’enfants] et la taille [de leurs corps]. Elles avaient l’air de petits garçons car elles n’avaient pas de poitrine ».
Dans le même camp de Lalu, parallèlement, il y avait deux autres filles qui gardaient la maison du commandant Salumu. Le témoin P017 a décrit ces filles comme étant « plus vieilles » et ayant des « corps plus développés », dont la plus jeune était âgée de 14 ans.
Le témoin a déclaré que les enfants soldats qui appartenaient au rangs de l’UPC à Lalu étaient « majoritairement des garçons », dont les plus jeunes avaient 11 ou 12 ans. Il a indiqué que les enfants soldats étaient armés de fusils Kalashnikov et portaient des uniformes militaires.
Le témoin P017 n’a pas pu estimer le nombre d’enfants soldats appartenant à la tranche d’âge des 11 et 12 ans, mais a affirmé qu’il y en avait « beaucoup ».
Le viol, l’esclavage sexuel et l’utilisation d’enfants soldats de moins de 15 ans dans un combat armé figurent parmi les 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité portés à l’encontre de M. Ntaganda devant la CPI. L’ancien chef d’état major adjoint des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’UPC, serait pénalement responsable des crimes commis à l’encontre des civils non Hema lors du conflit ethnique qui s’est déroulé au Congo en 2002-2003.
Les procureurs affirment qu’il y avait des viols « à chaque offensive de l’UPC » et que les commandants du groupe participaient à la commission des viols. Selon l’accusation, le commandant Salumu a violé un témoin, alors que le commandant Abalenga était un « violeur en série ».
Le témoin P017 s’est vu accorder des mesures de protection en audience, notamment une déformation numérique de la voix et du visage lors des transmissions publiques de son témoignage. Les audiences ont souvent basculé en séance à huis clos pour éviter de révéler des informations relatives à son identité. Avant que le témoin ne se présente à la barre, les juges avaient accédé à sa demande d’être protégé contre l’auto-incrimination lors de son témoignage.
L’accusation poursuivra l’interrogatoire du témoin P017 vendredi 29 janvier.