La défense de Bosco Ntaganda a conclu le contre-interrogatoire du témoin P790, témoin à charge, dont l’essentiel de l’interrogatoire a été mené à huis clos. Le témoin, qui a débuté sa déposition au procès qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) lundi dernier, a été contre-interrogé par la défense le 21 et le 25 janvier.
Dans les brefs moments apportés en séance publique, l’avocat de la défense Stéphane Bourgon a remis en cause le récit des événements fait par le témoin, notamment le récit sur les cinq maisons où les soldats appartenant aux Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) avaient stocké des armes lourdes et légères. L’avocat a déclaré que les maisons n’existaient pas à l’époque.
« Mon récit est basé sur des faits que j’ai vu de mes propres yeux. Personne ne me l’a raconté », a répondu le témoin.
Me Bourgon a également souligné les divergences existant entre la déposition faite par le témoin devant la Cour et les déclarations qu’il avait faites antérieurement au procureur au sujet des vêtements que portaient les enfants soldats des FPLC. Dans sa déclaration aux procureurs, le témoin a indiqué que les enfants soldats ne portaient pas de bottes militaires, alors que devant la Cour, il a affirmé qu’ils portaient des bottes. Le témoin P790 a déclaré qu’un enfant soldat, en particulier, qui faisait partie de l’escorte d’un haut dirigeant des FPLC, le commandant Salumu, n’avaient pas de bottes mais que les autres enfants soldats portaient des bottes.
L’avocat de la défense a également interrogé le témoin sur un incident qui s’était produit lorsqu’il était venu voir le commandant Alpha, qui dirigeait un contingent de l’armée ougandaise combattant aux côtés des FPLC. Le témoin a affirmé qu’il était allé parler au commandant ougandais des problèmes de sa ville natale, Kobu. L’ougandais aurait ordonné de tuer le témoin. La suite de l’ interrogatoire sur la rencontre a été mené à huis clos.
Le témoin P790 a apporté sa déposition en séance publique, bien que les juges lui aient accordé des mesures de protection, dont la déformation numérique de la voix et du visage ainsi que l’utilisation d’un pseudonyme pour cacher son identité.
Pendant l’interrogatoire mené par l’accusation, le témoin a déclaré que les soldats des FPLC avaient attaqué sa ville natale et les localités environnantes, situées en République démocratique du Congo (RDC,) jusqu’à quatre fois pendant le conflit ethnique qui s’est déroulé en 2002 et 2003. Il a indiqué avoir compté les corps de 57 civils, y compris des femmes et des enfants, qui avaient été tués par des soldats du groupe dans lequel M. Ntaganda était commandant de haut rang.
Ntaganda, un ancien chef adjoint de l’état-major général des FPLC, est jugé devant la Cour basée à La Haye pour 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, dont le meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le pillage et l’utilisation d’enfants soldats, entre autres. Les crimes présumés, que M. Ntaganda nie, ont été commis dans la province d’Ituri, en RDC, en 2002 et 2003.