Aujourd’hui, un ancien membre d’une milice congolaise a raconté que ses collègues avaient exécuté près de 20 femmes et enfants peu de temps après que les soldats aient tué un nombre non connu d’hommes.
Témoignant devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien membre des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) a déclaré que les troupes du groupe avaient commis des meurtres en 2013 dans la ville de Kobu située dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
L’ancien rebelle témoigne au procès de l’ancien commandant dirigeant le groupe, Bosco Ntaganda, sous le pseudonyme de témoin P017. Le rôle du témoin joué au sein des FPLC n’a pas été divulgué en séance publique mais il a une connaissance du fonctionnement interne du groupe et des communications entre les hauts commandants.
Le témoin a indiqué avoir entendu un message radio concernant des prisonniers qui avaient été pris par l’unité « Romeo Whisky » des FPLC dirigée par un commandant dénommé « Papa Oscar ». Après réception de ce message, un autre commandant se faisant appeler « Echo Charlie » avait quitté le camp où le témoin se trouvait et était ensuite revenu avec « plus de 20 prisonniers … majoritairement des femmes et des enfants ».
Le témoin avait vu les prisonniers lorsqu’ils avaient été amenés dans le camp. Certains enfants avaient moins de dix ans alors que les femmes avaient la trentaine environ. Aucun d’entre eux ne portaient d’uniformes militaires ou d’armes. Le témoin a déclaré qu’ils appartenaient tous au groupe ethnique Lendu que les procureurs affirment avoir été visé par les FPLC avec des attaques, des meurtres et des viols lors du conflit de 2002-2003 qui s’est déroulé au Congo.
Le témoin P017 a indiqué que deux membres des FPLC lui avaient ensuite précisé que les prisonniers avaient été tués. « Il a simplement dit que le groupe de soldats les avait exécutés », a indiqué le témoin au sujet d’un de ses collègues qui l’avait informé des meurtres. « Je lui ai demandé si tous les prisonniers avaient été exécutés. Il a déclaré que la majorité d’entre eux avaient été exécutées ».
Le témoin a indiqué que les personnes qui lui avaient parlé des meurtres avaient mentionné l’utilisation de kafuni, un type de bâton avec une petite protubérance à son bout qui était utilisé par les soldats des FPLC pour torturer. Certains témoins du procès de Thomas Lubanga, qui était le commandant en chef des FPLC, ont déclaré que la torture avec ce bâton pouvait facilement provoquer la mort si les victimes étaient frappées derrière le cou.
« Est-ce que quelqu’un a été puni pour les meurtres du premier groupe ou du second groupe qui était composé majoritairement de femmes et d’enfants ? », a demandé le substitut du procureur Diane Luping.
« À ma connaissance, personne n’a été inquiété ou poursuivi pour ce qui s’est passé à Kobu », a répondu le témoin.
Il a également indiqué dans son témoignage d’aujourd’hui qu’il y avait, au sein des FPLC, une unité composée de kadogos, ou de jeunes soldats, ayant tous moins de 15 ans. Après avoir suivi un entraînement militaire, la plupart des garçons portaient des uniformes militaires et des armes.
Interrogé par Me Luping pour savoir s’il avait entendu des ordres au sein des FPLC pour démobiliser les enfants soldats, le témoin a précisé que, aux alentours du mois de juin ou de juillet 2003, Floribert Kisembo, le chef d’état-major du groupe, avait ordonné que les enfants soldats soient désarmés. Toutefois, peu après qu’ils aient été désarmés, les armes leur avaient été rendues et ils avaient été envoyés sur le front lorsque le groupe avait été attaqué.
Selon le témoin, chaque attaque menée par les FPLC exigeait l’autorisation de M. Ntaganda, le chef d’état-major général chargé des opérations.
Le témoin P017 poursuivra son témoignage demain matin.