Aujourd’hui, le témoin de l’accusation du procès de Bosco Ntaganda a raconté comment les troupes commandées par l’accusé avaient attaqué quotidiennement différents villages congolais occupés par des membres de la communauté ethnique Lendu. Le témoin a déclaré que les attaques faites par les combattants de l’Union des patriotes congolais (UPC), qui était principalement composée de l’ethnie Hema, avait forcé les civils à fuir de village en village, passant souvent des nuits dans la brousse.
« Les [soldats] de l’UPC entouraient tous les villages Lendu et il y avait des attaques tous les jours », a indiqué le témoin qui se présentait sous le pseudonyme de témoin P800. Sayo, Kobu, Mongbwalu et leurs villages environnants situés dans la région d’Ituri figuraient parmi les localités assiégées.
L’essentiel de la déposition du témoin P800 au procès Ntaganda devant la Cour pénale internationale (CPI) a été entendu à huis clos. Les juges lui ont accordé d’autres mesures de protection, notamment une déformation numérique de la voix et du visage lors des transmissions publiques de son témoignage. Dans les brefs moments apportés en séance publique, le témoin P800 a affirmé que, en2002, il résidait et était employé dans la ville de Sayo. Á la suite de l’attaque de l’UPC dans la ville en novembre 2002, il avait fui Kobu, où il n’était resté que deux jours avant de fuir à nouveau.
« Pourquoi avez-vous quitté Kobu ? », a demandé le substitut du procureur Diane Luping.
« Je ne me sentais pas en sécurité. Il y avait des attaques à Kobu », a répondu le témoin. Il a déclaré que les soldats de l’UPC savaient que les habitants de Mongbwalu avaient fui vers Kobu et « c’est pourquoi ils avaient continué leurs attaques ».
« Pouvez-vous décrire où vous étiez lors de ces attaques ? », a demandé le substitut du procureur Diane Luping.
« Nous vivions dans la brousse car les attaques pouvaient survenir à tout moment », a répondu le témoin P800. Il a indiqué que les habitants et lui-même avaient continué à se déplacer de village en village tandis que les soldats de l’UPC continuaient à attaquer les villages Lendu.
Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major de l’UPC, est accusé d’attaque contre des civils, de déplacement de civils, de pillage, de meurtre, de viol, d’esclavage sexuel et d’utilisation d’enfants soldats, entre autres crimes, qui auraient été commis lors du conflit ethnique de 2002-2003. Il a nié l’ensemble des 18 charges retenues à son encontre, arguant que, contrairement aux allégations de l’accusation, il était un révolutionnaire qui combattait pour le retour de la paix et la réinstallation des réfugiés.
Le témoin P800 poursuivra sa déposition demain matin avec le contre-interrogatoire mené par les avocats de la défense.