Une victime des crimes du commandant militaire congolais Bosco Ntaganda est accusée d’avoir déclaré aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) que, du fait du procès en cours, elle souhaiterait avoir la paix et des services médicaux dans sa communauté.
« En tant que victime de guerre, qu’attendez-vous de la CPI dans cette affaire ? », a demandé Dmytro Suprun, un avocat représentant les victimes au procès.
Le témoin a répondu, « Ce que souhaiterai demander est que l’on nous aide à retrouver la paix une nouvelle fois. Si nous avons la paix, nos enfants pourront aller à l’école ». Elle a poursuivi en disant qu’elle voulait qu’ils aient accès à des traitements médicaux lorsqu’ils en avaient besoin. « C’est ma demande ».
Le témoin P892 a affirmé que des membres de sa famille ainsi qu’elle même n’avaient pu reconstruire leur vies depuis le conflit ethnique de 2002-2003 qui s’est déroulé en République démocratique du Congo. Elle a déclaré ne pas avoir reçu d’aide ou de soutien des autorités congolaises ou d’organisations non gouvernementales dans sa lutte pour reconstruire sa vie.
« Nous avons traversé une vie de souffrance pendant longtemps. Ce n’est que plus tard que la situation s’est améliorée et que nous avons pu retourner travailler dans les champs pour obtenir des récoltes et les vendre au marché. C’est à ce moment-là que notre vie a commencé à s’améliorer », a-t-elle indiqué.
« Ce sont des voisins qui nous ont aidé et consolé en disant que c’était les conséquences de la guerre mais le gouvernement ne nous a aidé d’aucune façon », a-t-elle ajouté.
Le témoin est la deuxième femme à témoigner au procès Ntaganda. Elle a débuté sa déposition hier et l’essentiel de son témoignage a été entendu à huis clos. Il est difficile de déterminer quelles souffrances elle a subies ainsi que sa famille. Les juges lui ont accordé des mesures de protection, notamment l’utilisation d’un pseudonyme et la déformation numérique de la voix et du visage lors de la transmission publique du procès.
Hier, dans les brefs moments donnés en séance publique, le témoin P892 a raconté avoir fui sa ville natale à la suite de l’arrivée des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). Selon le témoin, les soldats, vêtus d’uniformes militaires de camouflage « tout neufs », étaient arrivés dans la ville congolaise de Mongbwalu le 9 novembre 2002.
Elle a précisé que lors de leur arrivée à Mongbwalu, les soldats lui avaient demandé de leur préparer un repas, ce qu’elle avait fait. Plus tard dans la journée, le témoin avait fui vers la ville de Sayo après que des membres du groupe ethnique Lendu aient demandé aux autres habitants appartenant à cette communauté de fuir. Ils leur ont indiqué que si les soldats des FPLC revenaient dans la zone et les trouvaient, ils ne « survivraient pas ».
Selon l’accusation, les FPLC, qui étaient la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC), avaient agressé les civils qui n’étaient pas Hema en Ituri, une province du Congo, principalement ceux qui étaient Lendu. M. Ntaganda, qui était le chef adjoint de l’état-major du groupe, répond de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Mongbwalu est une des zones dans lesquelles les procureurs allèguent que la milice a commis des atrocités. Les procureurs ont également affirmé que M. Ntaganda avait en personne tué le prêtre de la paroisse de Mongbwalu.
Le témoin P892 devrait poursuivre son témoignage demain matin.