Les avocats représentant Bosco Ntaganda dans son procès pour crimes de guerre qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) ont remis en question le témoignage d’un ancien membre du groupe dans lequel l’accusé exerçait les fonctions de chef adjoint de l’état-major en 2002 et 2003. Ces deux derniers jours, les avocats ont remis en cause le témoignage de l’ancien milicien sur un camp d’entraînement militaire qui était situé à Mandro dans la province d’Ituro, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Le témoin P907 a raconté un évènement qui s’était déroulé au camp lorsque les troupes s’étaient rassemblées pour assister à l’exécution d’un soldat qui avait tenté de s’échapper.
« Je vous signale qu’il n’y a eu aucune recrue exécutée à Mandro » a déclaré l’avocat de la défense Stéphane Bourgon au témoin. Le témoin a cependant soutenu qu’un soldat avait été exécuté à Mandro. Le témoin, qui a témoigné anonymement, n’a pas divulgué en séance publique le nom du soldat exécuté.
L’avocat de la défense a également indiqué au témoin que le camp de l’Union des patriotes congolais (UPC) qu’il avait décrit dans son témoignage, dans lequel des « milliers » de recrues avaient été entraînées en juillet 2002, n’était pas situé à Mandro. « Contrairement à votre témoignage, il n’y avait pas plus de 800 soldats entraînés à Mandro », a précisé Me Bourgon.
L’essentiel du contre-interrogatoire du témoin P907 s’est déroulé à huis clos. Dans les brefs instants pendant lesquels la défense l’a interrogé en séance publique, il a été cependant évident que les avocats de M. Ntaganda tentaient de démonter la véracité du récit apporté par le témoin et sa connaissance du fonctionnement de l’UPC. Le témoin, le 18e à témoigner pour l’accusation au procès Ntaganda, a conclu sa déposition cet après-midi. Il s’est vu accorder des mesures de protection afin de garder secrète son identité et a reçu des juges l’assurance qu’il ne s’auto-incriminera pas lors de son témoignage.
Le témoin P907 a débuté le lundi 25 avril. Lors de l’interrogatoire mené par l’accusation, il a affirmé qu’il y avait des « milliers » de recrues au camp d’entraînement du groupe à Mandro, dont certaines étaient des enfants de 10 ou 12 ans. Il a également déclaré que les enfants avaient supporté un entraînement éprouvant par peur d’être tués s’ils tentaient de s’échapper.
Un extrait vidéo a été présenté au témoin lors des audiences d’aujourd’hui. La vidéo montrait M. Ntaganda et d’autres hauts gradés de l’UPC inspectant les troupes et les armes. Dans des déclarations antérieures faites à l’accusation, le témoin P907 a déclaré que la vidéo avait été tournée près du terrain d’une école où les défilés et les rassemblements de l’UPC avaient lieu.
« Je vous signale que ce que vous voyez sur cette vidéo, comme ce que vous avez vu hier, c’est le camp d’entraînement de Mandro et que vous n’avait pas été en mesure de reconnaître que c’était cet endroit. Est-ce bien le cas ? », a demandé Me Bourgon.
« Le jour où les procureurs m’ont montré la vidéo, il y avait le son. Ce n’est pas le cas maintenant », a répliqué le témoin. Il a ajouté qu’il ne pouvait se souvenir la date exacte de l’évènement montré dans la vidéo et qu’il était probable qu’il n’était pas présent à l’époque.
Les audiences devraient se poursuivre le lundi 2 mai avec le témoignage d’un nouveau témoin à charge qui porte le pseudonyme de témoin P887.