Aujourd’hui, l’âge des jeunes soldats qui servaient dans la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC) a été au centre des audiences du procès de Bosco Ntaganda. M. Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major de l’UPC, répond de 18 charges, dont le recrutement et l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans. Les avocats de la défense ont mis à contribution un témoin de l’accusation ayant travaillé sur la démobilisation des soldats pour expliquer comment cette personne pouvait conclure que certains soldats avaient moins de 15 ans et suggérer que certains enfants mentaient au sujet de leur âge.
Témoignant pour sa quatrième journée devant la Cour pénale internationale (CPI), Kristine Peduto, qui a travaillé en tant que fonctionnaire pour la démobilisation avec la Mission des Nations-Unies au Congo (MONUC) de 2002 à 2005, a déclaré qu’elle n’était pas toujours en mesure de vérifier l’âge des enfants qu’elle interviewait et qui auraient servi en tant que soldats dans l’UPC. L’avocat de la défense Christopher Gosnell a toutefois indiqué que les enfants qui parlaient aux fonctionnaires de l’ONU pouvaient avoir menti sur leur âge aux chefs de la milice et aux fonctionnaires de l’ONU travaillant pour la démobilisation.
« Est-ce que certains enfants que vous avez interviewé ont pu vous donner leur date de naissance ? », a demandé Me Gosnell.
« Nous leur demandions leur âge. Certains nous donnaient leur date de naissance », a rétorqué Mme Peduto.
L’avocat de la défense a ensuite demandé, « Avez-vous entendu dire que les enfants avaient menti à des représentants des groupes armés afin de rentrer dans ces groupes ? ».
Mme Peduto a répondu qu’elle se souvenait d’un cas lié à l’UPC dans lequel un enfant avait rejoint volontairement le groupe après que ses premières tentatives aient échoué. « Il a déclaré qu’il avait été d’abord renvoyé et qu’il était revenu plusieurs fois pour avoir la possibilité de les rejoindre. Finalement, le commandant responsable lui avait donné quelque chose à faire » après qu’il ait menti sur son âge.
Elle a cependant rejeté les allégations de Me Gosnell selon lesquelles beaucoup d’enfants s’étaient fait passer pour plus vieux qu’ils n’étaient afin de rejoindre la milice. « Rien ne l’indique, si ce n’est quelques cas d’enfants qui se seraient vu refuser de la rejoindre. Les enfants ont déclaré qu’ils étaient entrés dans les camps [d’entraînement] sans aucune présélection », a indiqué la fonctionnaire de l’ONU.
Le contre-interrogatoire de Mme Peduto mené hier et aujourd’hui par la défense a cherché à démonter dans son témoignage le fait qu’il y ait eu des enfants soldats dans l’UPC.
Dans le procès de Thomas Lubanga, le commandant en chef de l’UPC, les juges ont statué que les neuf témoins présentés par l’accusation comme des anciens enfants soldats avaient menti sur leurs identités et leurs âges ainsi que sur le fait d’avoir servi dans l’UPC. Leurs témoignages ont été rejetés mais les juges ont néanmoins conclu qu’il y avait des enfants soldats dans l’UPC.
Dans son témoignage, Mme Peduto a raconté de nombreuses histoires de jeunes combattants associés à différentes milices armées, dont l’UPC, dans la région congolaise d’Ituri lors d’un conflit ethnique qui s’est déroulé en 2002-2003. Au sein d’une équipe spéciale d’enquête de la MONUC, elle a interviewé plus de 420 enfants pendant le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration dans la communauté.
Mme Perduro a admis qu’elle n’était pas en mesure de vérifier les âges de la majorité des enfants liés à l’UPC qu’elle avait interviewé. « Beaucoup semblaient plus jeunes que l’âge qu’ils déclaraient », a-t-elle affirmé lundi. La fonctionnaire de l’ONU, qui a conclu son témoignage hier, avait précédemment témoigné au procès de M. Lubanga, qui a été déclaré coupable par les juges de la CPI de conscription et d’utilisation d’enfants soldats dans des hostilités.
Le procès se poursuivra demain avec la déposition d’un nouveau témoin de l’accusation.