La directrice adjointe de la Division Afrique de Human Rights Watch (HRW) a témoigné mercredi au procès de Bosco Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI). Comparaissant pour l’accusation, Anneke Van Woudenberg a été interrogée au sujet de son témoignage antérieurement enregistré, des rapports qu’elle a documenté et rédigé ainsi que sur des documents connexes.
La déclaration de Mme Van Woudenberg, que les juges ont admis en tant qu’élément de preuve dans une décision orale du 20 juin, a été enregistrée par les enquêteurs du Bureau du Procureur en octobre 2013. Selon les procureurs, elle avait fourni dans sa déclaration des informations sur son expérience, la méthodologie de recherche de HRW et les informations recueillies sur le conflit armé qui s’est déroulé dans la région congolaise d’Ituri entre juillet 2002 et la fin de 2004. La déclaration portait également sur les missions sur le terrain en Ituri, les entretiens avec les victimes de violence sexuelle et les réunions avec les chefs rebelles Thomas Lubanga et Ntaganda.
Les procureurs ont demandé l’admission de la déclaration de la responsable de HRW, de ses rapports intitulés Le fléau de l’or, Couvert de sang : Violence ciblée sur certaines ethnies dans le Nord-Est de la RDC et En quête de justice : poursuivre les auteurs de violences sexuelles commises pendant la guerre du Congo, en tant qu’éléments de preuve « pour accroître la rapidité du procès en réduisant la durée de son témoignage en audience ». Parmi les documents connexes admis également en tant qu’éléments de preuve figurent 12 photographies prises par le témoin d’un « garage » de Bunia qui aurait été utilisé par l’Union des patriotes congolais (UPC) comme « lieu de détention », bureau militaire et lieu de résidence pour M. Ntaganda. Les autres documents comprennent des notes du témoin écrites lors de ses entretiens avec MM. Ntaganda et Lubanga ainsi que des vidéos.
Pendant un interrogatoire d’une heure mené par les substituts du procureur cet après-midi, Mme Van Woudenberg a confirmé l’exactitude de sa déclaration. Des extraits de la déclaration, dont certains ont été lus devant la Cour, comportaient des récits des victimes de violence sexuelle perpétuée par tous les groupes armés en Ituri, y compris l’UPC, ainsi que la présence d’enfants armés qui « semblaient avoir 12 ou 15 ans » dans la garde personnelle de M. Lubanga.
L’UPC figurait parmi les différents groupes armés impliqués dans le conflit ethnique d’Ituri qui a eu lieu en 2002-2003. En tant que chef adjoint de l’état-major du groupe, M. Ntaganda est jugé devant la CPI pour meurtre, viol, pillage et utilisation d’enfants soldats, entre autres crimes. M. Lubanga, l’ancien chef du groupe, purge actuellement une peine de 14 ans de prison après sa condamnation pour l’utilisation d’enfants soldats dans des hostilités.
Plus tôt dans la journée de mercredi, les avocats de M. Ntaganda ont conclu le contre-interrogatoire du 23ème témoin de l’accusation qui témoignait sous le pseudonyme de témoin P888. Le contre-interrogatoire a été mené à huis clos. Le témoin P888, qui a débuté sa comparution au procès le 21 juin, est un ancien combattant de l’UPC.
Les audiences se poursuivront jeudi matin avec le contre-interrogatoire de Mme Van Woudenberg par la défense.