Une ancienne recrue de la milice dans laquelle Bosco Ntaganda était commandant a déclaré que quelques enfants occupaient les fonctions d’instructeurs militaires dans les camps d’entraînement du groupe. « Ils nous donnaient des ordres de manière enfantine. Ils s’amusaient et jouaient avec nous », a indiqué le témoin au sujet des enfants instructeurs.
« Parfois, ils jouaient au football, sans ballon mais avec une canette comme si c’était un ballon, lorsqu’ils avaient du temps de libre », s’est remémoré le témoin, qui comparaissait pour l’accusation au procès Ntaganda qui se déroule devant la Cour pénale internationale (CPI).
Le témoin P769 a déclaré que quand il était arrivé au camp d’entraînement de l’Union des patriotes congolais (UPC) situé à Ndromo, il y avait des enfants instructeurs parmi les « nombreux enfants » présents, dont certains avaient, d’après lui, neuf ans. Lorsqu’il s’était rendu au camp d’entraînement de Mandro, des enfants figuraient également dans les rangs du groupe.
Le témoin a indiqué que, bien que le président de l’UPC Thomas Lubanga ait ordonné à M. Ntaganda et au chef d’état-major du groupe, Floribert Kisembo, de démobiliser certains enfants, l’ordre n’avait pas été suivi d’effet. M. Ntaganda occupait le poste d’adjoint de M. Kisembo.
« Je me souviens qu’une fois une tentative avait été faite pour rassembler les enfants et les renvoyer chez eux mais ils étaient revenus de leur propre initiative. Ils ont refusé de partir », a précisé le témoin. Les enfants qui avaient choisi de rester dans la milice « avaient pris goût à la vie dans la milice ». Le témoin P769 a expliqué : « Ceux qui étaient instructeurs se prenaient pour des commandants. Ils pouvaient donner des ordres aux adultes qui les entouraient et ne voulaient pas être renvoyés à la vie civile ».
Le témoin P769 a déclaré que lorsqu’il avait été recruté dans l’UPC, il avait, ainsi que les autres recrues de Ndromo, subi un entraînement militaire qui enseignait la manière de marcher et d’utiliser des Kalachnikov. « Nous faisions également de la gymnastique comme des pompes. Nous courrions et il y avait aussi des parades la nuit », a-t-il ajouté.
Selon le témoin, les instructeurs à Ndromo avaient donné des avertissements aux recrues au sujet de leur conduite et leur avaient appris l’idéologie de l’UPC. Ils les avaient mis en garde contre la commission de viols, le risque de contracter le VIH/Sida, la désobéissance aux ordres et la désertion.
Le témoin P769 s’est vu accordé des mesures de protection afin de garder son identité secrète et a reçu l’assurance des juges qu’il ne s’auto-incriminerait pas lors de son témoignage. Les procureurs ont indiqué que le témoin apporterait une déposition sur un nombre « important » des charges portées à l’encontre de M. Ntaganda, telles que le meurtre, le viol et l’esclavage sexuel d’enfants soldats, l’enrôlement et la conscription d’enfants de moins de 15 ans et leur utilisation pour participer activement à des hostilités.
Ntaganda est accusé d’attaque contre des civils, de déplacement de civils, de meurtre, de viol, d’esclavage sexuel, de pillage, d’utilisation d’enfants soldats, entre autres crimes, qui auraient été perpétrés à l’encontre de la population civile qui n’était pas Hema dans la province d’Ituri, en République démocratique du Congo, lors d’un conflit ethnique qui s’est déroulé en 2003 et 2003.
Son procès, qui se tient devant la CPI, s’est ouvert en septembre dernier et a, jusqu’à présent, entendu le témoignage de plus de 30 témoins. Hier, le témoin P113 a conclu sa déposition devant les juges. La totalité du contre-interrogatoire de ce témoin, qui s’est présenté pour la première fois à la barre des témoins le 11 juillet, a été menée à huis clos.
Le témoin P769 poursuivra son témoignage demain matin.