Aujourd’hui, un témoin a raconté devant la Cour pénale internationale (CPI) le massacre de 30 à 50 civils commis en août 2003 par une milice commandée par Bosco Ntaganda dans la ville de Kobu située dans l’est du Congo.
Témoignant pour l’accusation, la personne, qui s’est présentée sous le pseudonyme de témoin P301, a déclaré que les troupes de l’Union des patriotes congolais (UPC) avaient occupé Kobu pendant huit ou neuf jours. Pendant cette période, le témoin avait fui dans un ville voisine. Après avoir obtenu l’information que la milice s’était retirée après le meurtre de plusieurs civils, le témoin était revenu dans la ville pour s’assurer que son magasin était intact et pour savoir qui avait été tué. « J’ai été séparé des membres de ma famille et je voulais savoir s’ils appartenaient aux personnes tuées », a-t-il indiqué.
Le témoin a déclaré être tombé sur le corps de civils assassinés. Interrogé par le substitut du procureur Eric Iverson pour décrire ce qu’il avait vu, le témoin a raconté avoir vu 30 à 50 corps dans une zone boisée, certains ayant été éventrés et d’autres décapités. Le témoin a déclaré que les personnes tuées comprenaient des femmes, des hommes et des enfants.
Le témoin P301 a témoigné avec une déformation numérique de la voix et du visage pour protéger son identité. Les audiences se sont fréquemment déroulées à huis clos pour éviter de révéler toute donnée d’identification. En séance publique, Me Iverson a montré au témoin un certain nombre de photographies montrant des corps et a demandé au témoin si les scènes lui semblaient familières. Pour toutes les photographies, le témoin P301 a répondu qu’elles représentaient les scènes auxquelles il avait assisté à Kobu.
Le témoin P301 a également décrit les pillages des troupes de l’UPC. « Tous les magasins, même le mien, ont été détruits. Les portes avaient été brisées et les objets brûlés. Le village avait été pillé », a-t-il indiqué. Les maisons avaient été détruites et des étuis vides d’armes de petit et de grand calibre se trouvaient sur le sol le long de la route près des cadavres.
Plus tôt dans la journée, un autre témoin a clos sa déposition. La personne portant le pseudonyme de témoin P912 s’est présentée à la barre hier après que le témoin P365 ait conclu son témoignage. Comme son prédécesseur, la majeure partie de la déposition du témoin P912 a été entendue à huis clos. Dans les brefs moments apportés en séance publique, il a semblé que le témoin était un habitant de Mongbwalu en 2002. Il est difficile de déterminer quel était le sujet principal de son témoignage.
Ntaganda répond de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devant la CPI qui comprennent le meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le pillage et l’utilisation d’enfants soldats. Les crimes auraient été commis en 2002 et 2003 dans des villes dont Kobu et Mongbwalu alors qu’il exerçait les fonctions de chef adjoint de l’état-major de l’UPC. À l’époque, le groupe figurait parmi les nombreuses milices participant à un conflit ethnique en Ituri.
Les audiences se poursuivront lundi 10 octobre avec le contre-interrogatoire du témoin P301 mené par la défense.