Le témoignage du dernier témoin de l’accusation au procès de Bosco Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) a été entendu jusqu’à présent à huis clos. Cette personne, qui porte le pseudonyme de témoin P005, a comparu hier après-midi via un lien vidéo depuis un lieu dont le nom n’a pas été divulgué.
Le 3 janvier 2017, les juges ont accédé à la demande de l’accusation d’entendre le témoignage du témoin P005 à distance étant donné qu’il n’était pas en mesure de se rendre à La Haye. Le témoin serait en convalescence d’une maladie non communiquée. De plus, selon l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins de la Cour, sa mobilité était réduite et un médecin lui avait conseillé d’éviter les activités fatigantes.
Les avocats de la défense se sont opposés à la comparution du témoin P005 via un lien vidéo. Ils ont argué que la demande de l’accusation d’entendre la déposition du témoin à distance était « inappropriée » étant donné l’importance que revêtait le témoignage prévu. Selon la défense, le témoin pouvait avoir des « motifs pour mentir » qui seraient plus aisément détectés et contrés si le témoin était présent en salle d’audience. La défense a également soutenu qu’un avis médical devrait être soumis afin d’évaluer si les conditions d’un témoignage par lien vidéo étaient remplies.
Les juges ont rejeté les demandes de la défense, indiquant qu’ils considéraient que l’utilisation d’un lien vidéo n’exigeait pas une justification exceptionnelle. Ils ont ajouté qu’ils n’avaient jamais « estimé précédemment qu’il soit nécessaire d’obtenir plus de détails sur la capacité d’un témoin à voyager ».
Les juges ont décidé que, même avec un lien vidéo, les parties auront l’opportunité d’interroger le témoin en temps réel et que, par conséquent, aucun préjudice ne découlera du fait qu’il ne comparaîtra pas physiquement à La Haye. Le témoin P005 s’est également vu accordé des mesures de protection, notamment l’utilisation d’un pseudonyme ainsi qu’une déformation numérique de sa voix et de son image lors de la diffusion publique de son témoignage.
Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major de la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC), est jugé devant la CPI pour 18 chefs de crimes de guerre et 3 chefs de crimes contre l’humanité. Les crimes présumés ont été commis entre 2002 et 2003 dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. Il a plaidé non coupable pour l’ensemble des chefs d’accusation.
Le témoin P005 poursuivra son témoignage devant la Cour lundi 30 janvier.