Un ancien fonctionnaire des Nations Unies en République démocratique du Congo a témoigné que des enquêtes réalisées par son équipe avait constaté de nombreux signalements de crimes commis par des membres de l’Union des patriotes congolais (UPC), la milice dans laquelle l’accusé de crimes de guerre Bosco Ntaganda était un commandant de haut rang.
Témoignant au procès Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), Sonia Bakar, qui dirigeait l’unité des enquêtes de la section des droits de l’homme de la mission des Nations Unies au Congo (MONUC), a raconté les enquêtes sur les violations des droits de l’homme menées dans la région d’Ituri en 2002-2003. La MONUC a été rebaptisée en 2010 Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).
Les enquêtes ont été menées dans le cadre du rôle de l’unité dans la surveillance de la situation des droits de l’homme dans le pays, par le biais d’un suivi des rapports provenant du terrain, dans l’identification de graves violations et dans l’organisation de missions d’enquêtes.
Mme Bakar a déclaré que, avec son équipe, elle avait mené neuf enquêtes en Ituri, qui comprenaient des visites des sites de Kobu, de Lipri et de localités de Bambu, où ils avaient interrogé jusqu’à 1 600 victimes et témoins de crimes tels que des massacres, des viols, des enlèvements, des pillages et des destructions. Un grand nombre de ces crimes ont été attribués aux troupes de l’UPC. Lors de l’interrogatoire mené par le substitut du procureur Diane Luping, Mme Bakar a également indiqué qu’elle avait interviewé des représentants de sociétés et d’organisations non gouvernementales, des médecins et des chefs de communauté.
Les rapports d’enquête produits par Mme Bakar et son équipe en juin 2003 ainsi que les données brutes utilisés pour préparer les rapports ont été aujourd’hui produits comme éléments de preuve par l’accusation.
L’interrogatoire du témoin par Me Luping sur des cas spécifiques de violations de droits de l’homme documentés dans ses rapports a été conduit à huis clos. Le juge président Robert Fremr a expliqué qu’il y avait un risque que les informations contenues dans certains documents et vidéos pouvaient révéler l’identité de témoins ou de personnes protégées. Par conséquent, certaines questions ont dû être posées à Mme Bakar à huis clos.
En séance publique, Mme Bakar a révélé que, lors des enquêtes, elle avait étroitement collaboré avec Kristine Peduto, un ancien fonctionnaire de la protection de l’enfance de la MONUC, qui a témoigné au procès en juin dernier. Dans son témoignage, Mme Peduto a raconté l’histoire d’enfants soldats qu’elle avait aidé à quitter l’UPC.
Mme Bakar, qui travaille actuellement avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), avait précédemment témoigné au procès de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo Chui qui s’est déroulé devant la CPI. Elle a comparu en décembre 2011 sous le pseudonyme de témoin P317.
Ntaganda est jugé devant la Cour basée à La Haye pour cinq chefs de crimes contre l’humanité et pour treize chefs de crimes de guerre, dont le meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, la persécution et le transfert forcé de population.
Les crimes présumés auraient été commis entre 2002 et 2003 lorsqu’il exerçait les fonctions de chef adjoint de l’état-major de la branche armée de l’UPC. À l’époque, la milice, avec la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI) dirigée par M. Katanga, le Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI) de Ngudjolo Chui et avec de nombreuses autres milices armées, a été impliquée dans un conflit ethnique en Ituri.
Mme Bakar poursuivra son témoignage lundi.