Le premier témoin à se présenter pour la défense de Bosco Ntaganda devant la Cour pénale internationale (CPI) a raconté que, lorsqu’il avait rejoint volontairement l’Union des patriotes congolais (UPC), les commandants de la milice l’avaient renvoyé parce qu’ils pensaient qu’il était mineur.
Olivier Maki Dhekana, qui a commencé à témoigner hier, a déclaré que sa motivation pour rejoindre l’UPC était de protéger les membres de son groupe ethnique, les Gegere, qui avaient subi des attaques de groupes rivaux en 2002 et 2003. M. Ntaganda, qui était le chef adjoint de l’état-major de la milice, répond de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment d’enrôlement et d’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans un conflit armé.
Lors de son contre-interrogatoire, le substitut du procureur Eric Iverson a toutefois déclaré à M. Dhekana qu’il avait été peut-être refusé du camp d’entraînement de la milice situé à Mandro sur instruction de M. Ntaganda, qui était un voisin du témoin.
Tout en reconnaissant que M. Ntaganda était son voisin, M. Dhekana a nié les allégations de M. Iverson, se rappelant que le commandant de l’UPC qui l’avait renvoyé lui avait indiqué, « Tu es encore petit, rentre chez toi ». À l’époque, M. Dhekana était dans sa deuxième année d’école secondaire mais il n’a pas indiqué en séance publique l’âge qu’il avait.
Le substitut du procureur a posé d’autres questions sur le père du témoin, son appartenance politique et ses activités commerciales à huis clos. M. Dhekana a témoigné via un lien vidéo depuis un lieu anonyme sans aucune mesure de protection qui puisse empêcher que son identité soit dévoilée.
Dans son témoignage d’hier, M. Dhekana, qui porte également le pseudonyme de témoin D210, a affirmé que, malgré le fait qui soit arrivé au camp d’entraînement de l’UPC situé à Mandro en fin de journée et qu’il ait été renvoyé, il avait passé la nuit sur place et était reparti le matin suivant.
Interrogé par l’avocat de la défense Christopher Gosnell pour savoir s’il avait aperçu des recrues plus jeunes que lui dans le camp, M. Dhekana a répondu qu’il ne connaissait pas l’âge des autres recrues mais qu’elles étaient plus âgées que lui. Le témoin a déclaré avoir voyagé depuis la ville de Bunia, où l’UPC avait son quartier général, jusqu’à Mandro avec deux personnes anonymes qui avaient cherché à s’enrôler dans l’UPC mais qui avaient été également renvoyées.
Bien que les chefs de l’UPC ne nient pas la présence d’enfants soldats dans leur groupe, ils soutiennent que certains d’entre eux les avaient rejoint volontairement alors que pour les autres avaient été poussés par leurs parents à rejoindre le groupe afin qu’ils soient protégés du conflit armé en cours ou pour défendre leurs communautés de milices ethniques rivales.
Ntaganda nie l’ensemble des 18 charges retenues à son encontre et se présentera à la barre des témoins pour sa propre défense le mois prochain.
Les audiences devraient se poursuivre demain.