Pour le quatrième jour de son témoignage devant la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien commandant rebelle congolais Bosco Ntaganda a déclaré aux juges qu’il n’y avait pas de conscrits dans les camps d’entraînement de l’Union des patriotes congolais (UPC). M. Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major de la milice UPC, a également indiqué qu’une discipline stricte était imposée au sein de la milice et que la discrimination ethnique était interdite dans son groupe.
Il a expliqué que le groupe avait établit son centre d’entraînement principal à Mandro pour entraîner les soldats à protéger les civils des attaques de l’Armée populaire congolaise (APC), la branche armée d’un groupe rebelle dénommé Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani. Dans son témoignage antérieur, M. Ntaganda avait cité l’APC parmi les groupes armés ayant attaqué des personnes appartenant aux ethnies Hema et Tutsi dans le district congolais de l’Ituri.
Le camp avait été installé vers l’année 2000 sur un terrain mis à disposition par Kahwa Panga, un chef local, et Floribert Kisembo, un allié militaire de M. Panga a ordonné à M. Ntaganda de diriger l’entraînement. « M. Kisembo voulait entraîner des jeunes gens dans des comités de paix », a expliqué M. Ntaganda. Ces comités existaient « partout » dans toute la région à l’époque où elle était gangrénée par un conflit ethnique. M. Kisembo avait ensuite exercé les fonction de chef d’état-major dans l’UPC.
Ntaganda a déclaré que les recrues du camp avaient rejoint volontairement l’UPC avec le soutien de leurs familles. Avant l’enrôlement, ils avaient été auscultés pour exclure ceux qui ne répondaient pas aux conditions, tels que ceux qui étaient « vieux, malades, jeunes et handicapés ». Puisqu’il a admis qu’aucun document n’était disponible à l’époque pour confirmer l’âge des recrues, une évaluation visuelle réalisée par les commandants permettait de déterminer si un individu était assez âgé et physiquement apte à participer au combat.
« Posait-on aux recrues la question concernant leur âge lors de leur arrivée ? », a demandé l’avocat de la défense Stéphane Bourgon.
« Non, si vous posiez cette question, ils pouvaient mentir et donner un âge incorrect », a répondu M. Ntaganda. Il a indiqué que lorsque les personnes étaient jugées « inaptes » au recrutement, il leur était demandé de rentrer chez eux. Pour ceux qui habitaient loin du camp, des mesures étaient prises afin de leur fournir un transport et de les « accompagner » chez eux si l’on considérait qu’ils rencontreraient des difficultés sur leur route.
Interrogé pour savoir si des recrues les avaient rejoint contre leur gré, M. Ntaganda a déclaré qu’il « n’avait jamais reçu ce type de rapport ». Il a témoigné qu’il avait fait observer aux commandants que si une personne ne se sentait pas bien ou semblait malheureuse, on devait la « laisser partir ».
De même, M. Ntaganda a précisé qu’il n’avait reçu aucun rapport concernant des recrues qui auraient volontairement rejoint la milice mais qui auraient changé d’avis et souhaité rentrer chez elles ou concernant des déserteurs. « Le camp était un refuge pour eux. Ils ne pouvaient pas rentrer chez eux », a-t-il déclaré.
Dans le procès de l’ancien commandant en chef Thomas Lubanga, les juges ont estimé qu’il y avait des enfants soldats dans la milice, dont certains avaient été conscrits. M. Lubanga a été condamné à 14 ans de prison. Les juges du procès de M. Ntaganda ont également entendu que l’accusé s’étaient emparé d’enfants dans une école primaire et les avaient enrôlés dans l’UPC.
Ntaganda poursuivra son témoignage mercredi matin.