Le témoignage de Bosco Ntaganda devant la Cour pénale internationale (CPI) durera plus longtemps que les six semaines initialement prévues. Hier, les juges ont accordé aux avocats de la défense 15 heures supplémentaires pour interroger l’ancien chef rebelle congolais qui témoigne pour sa propre défense devant la cour basée à La Haye.
En répondant favorablement à la demande de la défense d’obtenir un temps additionnel, les juges ont signalé que la décision était « exceptionnelle » étant donné que M. Ntaganda comparaissait en tant que témoin à son propre procès. « La chambre a pleinement conscience que M. Ntaganda est l’accusé. À ce titre, il peut être difficile d’estimer le temps nécessaire pour un interrogatoire de longue durée », a affirmé le juge président Robert Fremr. « Par conséquent, la chambre accède à la demande de la défense d’accorder un temps additionnel de 15 heures maximum pour interroger M. Ntaganda ».
Le 17 mai 2017, les juges avaient accédé à la demande de la défense de M. Ntaganda de témoigner pour sa propre défense, avec un témoignage qui devait durer jusqu’à six semaines à compter du 14 juin.
Toutefois, l’avocat principal de la défense Stéphane Bourgon a indiqué hier que M. Ntaganda « ne sera pas en mesure de raconter la totalité de son histoire » dans le temps initialement imparti. Il a également soutenu que le témoignage de M. Ntaganda raccourcirait la présentation des moyens de la défense. « Ce procès ne sera pas plus long si M. Ntaganda témoigne un peu plus longtemps. Le procès sera plus court », a déclaré Me Bourgon.
Dans une interview donnée le mois dernier, Me Bourgon a affirmé que M. Ntaganda avait décidé de se présenter à la barre des témoins afin de blanchir son nom et de montrer « qu’il n’était pas la personne décrite dans les médias et ailleurs » ainsi que pour expliquer « qui il était, ce qu’il avait fait et les raisons qui avaient motivé ses actions ».
Dans ses observations orales transmises aux juges, le substitut du procureur Nicole Samson a indiqué que l’accusation n’était pas opposée à la demande de la défense d’obtenir un temps supplémentaire mais qu’elle considérait qu’une durée de 15 heures était « excessive ». Selon elle, la défense avait passé jusqu’à présent une grande partie de son interrogatoire à évoquer des événements qui s’étaient produits avant la période pendant laquelle les crimes pour lesquels M. Ntaganda est jugé ont été commis.
« Ces événements peuvent être pertinents mais ont été examinés dans les moindres détails et tout élément de preuve des événements [liés aux charges] peut être examiné plus rapidement », a déclaré Me Samson.
Les avocats représentant les victimes au procès ont soutenu la demande de l’accusation.
Ntaganda est le deuxième témoin à se présenter depuis l’ouverture de la présentation des moyens de la défense, le 29 mai. Il est jugé devant la CPI depuis septembre 2015 pour 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui auraient été commis par lui-même et par les combattants de l’Union des patriotes congolais (UPC) en 2002 et 2003 dans l’est de la République démocratique du Congo. Il a plaidé non coupable pour l’ensemble des chefs d’accusation.
Depuis le début de son témoignage, M. Ntaganda a déclaré que sa première motivation pour rejoindre différents groupes armés au Rwanda et au Congo était de combattre l’injustice et la discrimination. Il a raconté que, après avoir combattu avec un groupe rebelle, l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), et avoir aidé à mettre un terme au génocide de 1994 au Rwanda, il avait continué en apportant son aide pour renverser le régime de l’ancien dictateur congolais Mobutu Sese Seko.
Ntaganda a également témoigné que, après avoir suivi un entraînement dans des écoles militaires ougandaises, il avait rejoint des alliés congolais pour entraîner des jeunes recrues dans le district de l’Ituri, au Congo, afin qu’elles puissent protéger les civils contre les attaques des groupes armés qui visaient les membres des groupes ethniques Tutsi et Hema. Il a affirmé que l’UPC n’avait pas de conscrits et que les recrues adhéraient à la stricte discipline du groupe. De plus, M. Ntaganda a déclaré qu’il avait interdit les relations sexuelles au sein du groupe et que ces instructions « étaient suivies à la lettre ».
Ntaganda a également passé un temps considérable à situer les sites des différentes villes de l’est du Congo sur des cartes fournies par les avocats de la défense et à expliquer les registres de communication de l’UPC, notamment à indiquer où les émetteurs et les destinataires de messages spécifiques se trouvaient au moment où les registres étaient consignés.
Le témoignage de M. Ntaganda se poursuivra toute cette semaine.
Une avancée significative du doit pénal international, c’est une notion non pas du victime témoin mais plutôt de l’accusé ou du prévenue témoin. Quelle sera la valeure des dépositions des Monsieur Ntaganda? va-t-il prêté serment comme d’autres temoins ? Ou du moins il serait un renseignant simple.