Mercredi, l’ancien commandant rebelle congolais Bosco Ntaganda a nié avoir abattu un combattant rebelle de l’Union des patriotes congolais (UPC) pour avoir refusé de participer à des opérations de combat. Alors qu’il apportait un témoignage pour sa propre défense devant la Cour pénale internationale (CPI), M. Ntaganda a également rejeté les affirmations de l’accusation selon lesquelles la milice au sein de laquelle il occupait des fonctions de commandant de haut rang avait abattu des combattants qui avaient été surpris alors qu’ils tentaient de déserter.
« Est-ce que l’information selon laquelle vous auriez abattu une personne de 24 ans parce qu’elle aurait refusé de participer à une opération est exacte ? », a demandé le substitut du procureur Nicole Samson.
« Je n’ai jamais exécuté aucun soldat de l’UPC. Je n’ai jamais tué de soldat qui aurait refusé de se rendre sur le front », a répondu M. Ntaganda.
La question posée par Me Samson s’appuyait sur l’interview d’un ancien enfant soldat de l’UPC accordée à des fonctionnaires des Nations Unies (ONU) en mars 2003. Dans l’interview, dont des extraits ont été lus en audience mercredi après-midi, l’ancien enfant soldat a déclaré que l’incident s’était produit après que la victime n’ait pu expliquer son refus à prendre part aux opérations de combat.
Dans l’interview, la personne anonyme affirme que « M. Ntaganda a froidement abattu [le combattant de l’UPC] d’un coup dans la tête », bien que le chef politique du groupe, Thomas Lubanga, ait recommandé que les soldats réfractaires soient punis par flagellation. L’ancien enfant soldat de l’UPC aurait également déclaré que l’exécution avait « fait beaucoup de vagues » dans le groupe rebelle mais que M. Ntaganda était « un habitué de ce type d’actions » puisque cinq autres combattants avaient connu le même sort.
Mardi, M. Ntaganda a nié que des déserteurs de l’UPC aient été abattus, une affirmation qui avait été faite par plusieurs anciens membres du groupe qui ont témoigné pour l’accusation.
« Au sein de l’UPC, aucun déserteur n’a été abattu », a indiqué M. Ntaganda en réponse à une question de Me Samson sur le sort des déserteurs. « Il y avait différents [autres] types de punitions. Tout dépendait de l’infraction ou du délit ».
Ntaganda a ajouté que bien que la discipline était strictement appliquée au sein de l’UPC, avec des punitions destinées aux coupables qui comprenaient des pompes, des roulements sur le sol, d’aller chercher de l’eau et être soumis à la flagellation, mais aucune de ces punitions n’était appliquée jusqu’au « point de blesser » un individu. « Si je remarquais qu’une recrue avait été blessée, je punissais le commandant », a-t-il ajouté.
Cependant, Me Samson a fait remarqué à M. Ntaganda que des coups excessifs avaient entraîné une désertion au sein des troupes de l’UPC et M. Ntaganda a répondu « que c’était impossible ». Il a déclaré qu’il n’avait connaissance d’aucun cas de désertion.
Me Samson a ensuite présenté plusieurs journaux de communication concernant des cas de désertion durant le mois de novembre 2002. M. Ntaganda a indiqué que c’était la première fois qu’il voyait ces communications.
Ntaganda est jugé devant la CPI pour cinq chefs de crimes contre l’humanité : meurtre et tentative de meurtre, viol, esclavage sexuel, persécution et transfert forcé de population. Il répond également de 13 chefs de crimes de guerre : meurtre et tentative de meurtre, attaque contre des civils, viol, esclavage sexuel de civils, pillage, déplacement de civils, attaques contre des biens protégés, destruction de biens de l’ennemi ainsi que de viol, esclavage sexuel, enrôlement et conscription d’enfants soldats de moins de 15 ans et de leur utilisation pour participer activement à des hostilités.
Les crimes présumés ont été commis lorsqu’il exerçait les fonctions de chef adjoint de l’état-major des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’UPC qui était dirigée par M. Lubanga. M. Ntaganda et les combattants du groupe auraient commis les atrocités dans la province congolaise de l’Ituri lors du conflit ethnique qui s’est déroulé en 2002 et 2003.
Les procureurs poursuivront leur contre-interrogatoire de M. Ntaganda demain matin.