L’ancien chef rebelle congolais Bosco Ntaganda a affirmé que l’Union des patriotes congolais (UPC), dans lequel il était un commandant de haut rang, examinait ses recrues afin d’éliminer les personnes qui ne répondaient pas aux exigences, comme celles qui étaient mineures. Il a indiqué que les recrues jugées trop jeunes pour servir dans le groupe étaient renvoyées dans leur foyer.
Témoignant à son propre procès qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI), M. Ntaganda a déclaré que la sélection qui était appliquée au camp principal du groupe situé à Mandro s’appliquait également à d’autres camps, tels que celui de Rwampara. Il n’a toutefois pas donné l’âge exact auquel il était considéré comme inacceptable d’être admis dans la milice.
« Lorsque vous vous êtes rendu au [camp d’entraînement] de Rwampara, avez-vous remarqué des recrues qui ne répondaient pas aux critères que vous avez évoqué précédemment ? », a demandé l’avocat de la défense Stéphane Bourgon, faisant référence aux protocoles appliqués, selon M. Ntaganda, dans le camp de Mandro, y compris le rejet des recrues mineures.
« Oui, il y a eu quelques unes », a admis M. Ntaganda, mais il a ajouté qu’il avait ordonné aux commandants de Rwampara de « renvoyer toutes les jeunes recrues chez elles dès que possible ».
Interrogé par Me Bourgon pour savoir s’il avait fait le suivi de son ordre d’établir si les jeunes recrues avaient été renvoyées chez elles, M. Ntaganda a répondu : « Oui, celles qui vivaient dans les environs ont été ramenées chez elles. Il a été nécessaire, pour celles qui vivaient loin, de prendre des dispositions afin de sécuriser leur retour. Il pouvait durer trois à quatre jours ». M. Ntaganda n’a pas indiqué le nombre de recrues du camp de Rwampara qui avaient été jugées trop jeunes mais il a précisé qu’elles constituaient « une minorité ».
La semaine dernière, M. Ntaganda a raconté que, avant leur enrôlement, les recrues de l’UPC au camp de Mandro avaient été évaluées visuellement et mises au défi de réaliser certaines tâches afin de déterminer si elles étaient assez âgées et physiquement aptes à participer au combat. Il a déclaré qu’il avait été demandé aux personnes jugées « inaptes » au recrutement de rentrer chez elles. Il a ajouté que pour celles qui vivaient loin de Mandro, des mesures avaient été prises pour fournir un transport et pour les accompagner chez elles s’il avait été estimé qu’elles pourraient rencontrer des difficultés sur leur chemin.
Cependant, les affirmations de M. Ntaganda contredisent les éléments de preuve de l’accusation et les conclusions des juges de la CPI qui ont déclaré le président de l’UPC, Thomas Lubanga, coupable d’enrôlement, de conscription et d’utilisation d’enfants soldats dans des conflits armés. Les juges ont déterminé qu’il y avait des enfants soldats au sein de l’UPC, dont certains avaient été enrôlés. La semaine dernière, M. Ntaganda avait affirmé que tous les enfants qui avaient rejoint la milice l’avaient fait volontairement.
Ntaganda répond de 18 chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment la tentative de meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le transfert forcé de population, les attaques contre des biens protégés, le pillage, la destruction de biens et l’utilisation d’enfants soldats. Les crimes auraient été commis lorsqu’il exerçait les fonctions de chef adjoint de l’état-major de la branche armée de l’UPC, qui était connue sous le nom de Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). Le groupe figurait parmi les différents groupes rebelles participant au conflit armé qui se déroulait entre les communautés ethniques Hema et Lendu dans la région congolaise de l’Ituri en 2002 et 2003. Il a plaidé non coupable pour l’ensemble des chefs d’accusation retenus à son encontre.
Dans son témoignage de vendredi, M. Ntaganda a témoigné brièvement sur la structure organisationnelle de l’UPC. Il a affirmé que lui-même et M. Lubanga avaient conçu une structure avec des rôles et des chaînes de commandement définis afin que le groupe ait une structure militaire conventionnelle.
« Car lorsque nous avons débuté, lle groupe était non professionnel. Ensuite, nous avons décidé de mettre en place une armée moderne, professionnelle », a témoigné M. Ntaganda lorsqu’il répondait aux questions posées par Me Bourgon au sujet de l’organigramme de l’UPC.
Entretemps, Me Bourgon a continué d’interroger M. Ntaganda sur les registres de communication envoyés depuis divers lieux situés en Ituri lors des opérations de l’UPC, l’accusé apportant une partie de son témoignage de cette semaine à huis clos.
Ntaganda poursuivra sa déposition lundi 10 juillet.
Mais s’il était le chef d’État major adjoint qui était le chef principal? Est-il poursuivis?