L’ancien commandant rebelle congolais Bosco Ntaganda a continué à nier l’accusation des procureurs selon laquelle il avait tué le prêtre Boniface Bwanalonga lors d’un conflit ethnique qui s’est déroulé dans la République démocratique du Congo (RDC) en 2002. Apportant un témoignage pour sa propre défense devant la Cour pénale internationale (CPI), M. Ntaganda a également nié avoir donné des ordres à ses troupes pour violer les trois nonnes qui avaient été arrêtées avec M. Bwanalonga.
Selon M. Ntaganda, le prêtre avait été arrêté lors d’opérations sur le terrain menées par des combattants de l’Union des patriotes congolais (UPC) dans la ville de Mongbwalu. Au moment de son arrestation, les trois nonnes de la congrégation du prêtre l’auraient volontairement escorté jusqu’au camp de la milice. « Elles ont refusé de quitter le prêtre lorsqu’il a été arrêté dans la brousse et ont décidé de rester près de lui », a-t-il déclaré.
M. Ntaganda a affirmé que, une fois au camp, Thomas Kasangaki, qui commandait les troupes de l’UPC à Mongbwalu, avait expliqué les circonstances de l’arrestation du prêtre et des nonnes. M. Ntaganda a déclaré qu’il s’était ensuite présenté à M. Bwanalonga et « avait abordé avec lui quelques points ». On ne sait pas quels étaient les détails de la discussion entre M. Ntaganda et le prêtre mais M. Ntaganda a indiqué qu’il n’avait pas eu connaissance du sort du prêtre.
En juillet dernier, M. Ntaganda a témoigné avoir appris la mort de M. Bwanalonga alors qu’il examinait, après son arrivée à la CPI, des documents non précisés. M. Ntaganda, l’ancien chef adjoint de l’état-major général de l’UPC, est détenu par la CPI depuis mars 2013, plus d’une décennie après le meurtre du prêtre.
Les procureurs soutiennent que le prêtre était bien connu des dirigeants de l’UPC et avait été accusé de collaboration avec les combattants Lendu rivaux. Les procureurs ont également affirmé que M. Ntaganda avait détenu en personne le prêtre et les trois nonnes le 25 novembre 2002, les avait interrogé et avait abattu le prêtre puis ordonné à ses troupes de violer les nonnes.
Aujourd’hui, après que M. Ntaganda ait nié avoir connu le prêtre avant de le rencontrer à Mongbwalu, le substitut du procureur Nicole Samson a déclaré, « Vous saviez qui il était et il était une cible pour vous ».
« Je n’ai mené aucune enquête à son sujet. Je ne connaissais pas ces détails [de sa collaboration avec les combattants Lendu] », a soutenu M. Ntaganda.
M. Ntaganda a également rejeté les allégations de Me Samson selon lesquelles il aurait donné des ordres à ses troupes de violer les nonnes. « Le commandant que je suis n’aurait pu donner l’ordre de violer des nonnes. Je n’aurai jamais pu dire cela », a-t-il affirmé.
M. Ntaganda est jugé devant la CPI pour des charges selon lesquelles les troupes de l’UPC ont commis des crimes à l’encontre des civils du district congolais de l’Ituri, et particulièrement ceux appartenant à l’ethnie Lendu, lors du conflit armé qui s’est déroulé de 2002 à 2003. Les autres charges incluent la tentative de meurtre, le viol, l’esclavage sexuel, le transfert forcé de population, les attaques contre des biens protégés, le pillage, la destruction de biens et l’utilisation d’enfants soldats. Il a plaidé non coupable pour l’ensemble des 18 chefs d’accusation.
Entretemps, Me Samson a également interrogé M. Ntaganda au sujet de cas présumés de viol et de meurtre par les troupes de l’UPC pendant les opérations déployées sur la ville de Sayo qui, selon elle, sont restés impunis. Dans un témoignage précédent, M. Ntaganda a déclaré avoir imposé une discipline et puni les crimes dont il avait connaissance.
Il a ajouté, « les délits qui étaient portés à notre attention étaient punis. Il n’était pas possible que je punisse quelqu’un sans avoir l’information que cette personne avait commis ce délit ».
M. Ntaganda s’est présenté à la barre pour la première fois fin juin. Il était prévu que les procureurs terminent son interrogatoire demain matin. Cependant, cet après-midi, les juges ont accédé à la demande de la défense d’obtenir une heure additionnelle pour interroger l’accusé. De plus, la défense a obtenu huit heures pour un réinterrogatoire qui débutera lundi prochain, après que les avocats représentant les victimes aient obtenu également la possibilité d’interroger M. Ntaganda.
Les audiences du procès se poursuivront tout au long de cette semaine.