Un témoin de l’accusation du procès Ntaganda qui se tient devant la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré que seules les troupes de M. Ntaganda étaient présentes dans la ville congolaise de Kobu et dans les villes environnantes à l’époque où cette dernière a été attaquée en mars 2003.
« Y avait-il des combattants Lendu pour défendre les villages lorsque les résidents avaient fui dans la brousse parce que l’ennemi arrivait ? », a demandé l’avocat de la défense Luc Boutin.
« Non, il n’y avait là-bas aucun combattant Lendu », a répondu le témoin P-016, lors de son témoignage de mercredi. Il a ajouté que, toutefois, il avait entendu dire que des membres de l’Armée populaire congolaise (APC), un groupe rebelle, étaient présents dans la ville voisine de Djatsi.
Au début de son témoignage, le 3 novembre, le témoin P-016 a décrit les massacres à Kobu qu’il a indiqué avoir été commis par les soldats des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC). Il a déclaré avoir découvert le corps de son père qui avait été abattu ainsi que ceux de sa femme et de ses enfants qui avaient été décapités lors de l’attaque de son village.
Il a indiqué qu’il y avait « un grand nombre » d’autres corps qui « avaient été décapités et éventrés » par les troupes des FPLC dont M. Ntaganda était le chef adjoint de l’état-major.
Les juges ont accordé au témoin P-016 l’utilisation d’un pseudonyme en audience mais son image et sa voix n’ont pas été déformés numériquement. L’essentiel de son contre-interrogatoire mené par la défense a été entendu à huis clos.
Les procureurs ont fait valoir que le groupe de M. Ntaganda était majoritairement composé de membres du groupe ethnique Hema et qu’il avait persécuté des populations civiles qui n’étaient pas Hema, telles que les Lendu, afin de les chasser de plusieurs zones de la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo, en 2002-2003. Il est allégué que M. Ntaganda, 41 ans, a commandé et, à certaines occasions, a participé en personne à la commission des crimes, notamment des meurtres, des viols, des attaques contre les civils et les pillages.
Lors du contre-interrogatoire du témoin P-016, l’avocat de la défense Luc Boutin a souligné les incohérences entre la déposition du témoin apportée devant la Cour et la déclaration qu’il a faite aux enquêteurs de l’accusation en 2005, sur sa connaissance de l’identité des attaquants de Kobu.
D’après la déposition du témoin, il a entendu dire par ses concitoyens immédiatement après l’attaque que c’était l’œuvre des « hommes de Bosco » car « les Hema ne pouvaient agir de cette façon ».
Cependant, dans sa déclaration de 2005, le témoin a déclaré aux enquêteurs qu’on lui avait dit qui était prétendument responsable dans le mois qui avait suivi l’attaque.
« Par conséquent, ce que le procureur cite comme étant votre déclaration n’est pas exact. Est-ce bien que vous dites ? », a demandé Me Boutin.
« Non, ce n ‘est pas ce que j’ai déclaré. J’ai indiqué que c’est lors du conflit que nous avons appris que c’était le groupe de Bosco qui avait mené cette [attaque]. Je n’ai pas parlé d’un mois », a répondu le témoin P-016.
Les audiences du procès devraient se poursuivre le jeudi 5 novembre 2015.