Mardi, une femme congolaise, qui a été violée par les miliciens de l’Union des patriotes congolais (UPC) et dont le mari a été tué par d’autres miliciens, a raconté son calvaire aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) jugeant Bosco Ntaganda.
Témoignant sous le pseudonyme de témoin V2, elle a raconté avoir été violée, fin 2002, lorsqu’elle fuyait des attaques de combattants de l’UPC sur la ville de Mongbwalu située dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce témoin est une des trois victimes des crimes qui auraient été commis par M. Ntaganda et sa milice UPC et qui témoignent cette semaine dans le procès de l’ancien commandant rebelle à La Haye.
Le témoin a affirmé que, après avoir parcouru 10 kilomètres pour échapper aux combats, elle et son mari, avec d’autres habitants locaux, étaient tombés sur un barrage de l’UPC. Les miliciens leur avaient ordonné de s’arrêter puis avaient séparé les hommes et les femmes. Ils avaient commencé à violer quatre des femmes dont elle-même.
Le témoin V2 a déclaré que les miliciens l’avaient emmené dans des buissons et lui avaient ordonner de donner son bébé de 2 ans à un des combattants. « J’ai tenté de résister et ils m’ont frappé avec un fusil sur la bouche et j’ai perdu deux dents. Après qu’ils m’aient violée les uns après les autres, ils m’ont dit de partir », a-t-elle indiqué.
Elle a déclaré qu’elle sentait que son utérus était enflé et qu’elle ne pouvait plus marcher. Un bon samaritain a ensuite porté l’enfant du témoin V2 et l’a aidé à marcher jusqu’à la ville voisine.
« À ce moment-là, j’ai eu une forte douleur dans le bas de l’estomac et même actuellement, j’ai des problèmes lors de mon cycle menstruel », a ajouté le témoin, en réponse à une question de son avocat Dmytro Suprun sur les conséquences de l’attaque.
Trois jours après avoir atteint une ville qui était relativement sûre, le témoin V2 avait été informée que les combattants de l’UPC avaient tué son mari avec un nombre inconnu d’autres hommes qui avaient été séparés des femmes au barrage. Elle a déclaré que le corps de son mari n’avait jamais été trouvé. Le témoin a indiqué que les hommes aient été tués pour avoir refusé de rejoindre l’UPC.
Selon elle, les femmes qui avaient été violées et les hommes qui avaient été tués appartenaient aux groupes ethniques Alur et Lugbara. L’UPC qui, d’après les procureurs, était composée majoritairement de membres d’origine Hema, avait persécuté et tué les personnes issues des autres groupes ethniques, particulièrement les Lendu.
Dans son témoignage, le témoin V2 a également raconté la décapitation d’un homme par un jeune soldat de l’UPC. « Nous avons aperçu un [soldat] qui avait décapité un homme … Ils ont pris sa tête et l’on mise sur la pointe d’un couteau. Ils la brandissaient, indiquant qu’il s’agissait d’un Lendu », a déclaré le témoin. Elle a indiqué que le jeune soldat a ensuite mis le feu à la tête tranchée.
Les règles de la Cour permettent aux victimes de témoigner ou de présenter leurs vues et préoccupations. Dans le procès Ntaganda, cinq victimes ont présentés leurs vues et préoccupations tandis que trois autres victimes ont été autorisées à apporter un témoignage. Hier, le témoin V1 a témoigné que les combattants de l’UPC l’avaient torturé et tué six membres de sa famille, y compris sa femme.
Le témoin V2 a déclaré que, après la guerre, elle s’était remariée et « voulait avoir d’autres enfants mais cela n’était pas possible étant donné les séquelles du viol ». Elle a conclu son témoignage cet après-midi. Un nouveau témoin débutera mercredi sa déposition.